Suite à l’article publié le 25 juin dernier pour présenter le dernier ouvrage d’Hubert Reeves (Le banc du temps qui passe) je reçois cette réaction d’Yves Abate. Je ne résiste pas au plaisir de la partager avec vous tous et je remercie vivement Yves d’avoir pris le temps de « prendre sa souris » pour nous faire profiter de sa réflexion. Cliquez sur le lien à la suite du texte pour voir les photos.
Prendre le temps de s’asseoir sur un banc !
Suite à ton article « Les animaux ne sont pas bêtes », j’ai acheté le livre d’Hubert Reeves « Le banc du temps qui passe » dont tu recommandais la lecture. Je n’ai pas beaucoup le temps à consacrer à la lecture, mais c’est un livre très facile à lire car il est composé de petits paragraphes indépendants.
Je partage entièrement sa conception de la nature et de la vie mais ne suis pas un scientifique astrophysicien comme lui. C’est un passionné qui transmet sa passion au travers de ses livres et de ses présentations télévisées. On ne peut pas rester insensible à sa pensée.
Je m’assois souvent sur le banc en pierre près de mon étang. Il est entouré de saules, de bambous et d’arbres fruitiers, à l’ombre de trois gros bouleaux. C’est un moment de solitude reposant et agréable où je peux passer quelques temps à méditer dans cet écrin feutré, entouré et protégé par le monde végétal qui m’imprègne. Mes canards et mes oies viennent me regarder en se demandant pourquoi je viens là, perdre mon temps !
Tout être vivant est sur terre pour prolonger la vie de son espèce (de ses ancêtres) dans le temps. Il passe un moment sur cette terre merveilleuse, à découvrir, à se nourrir, à se reproduire et à ressentir son entourage.
Depuis mon plus jeune âge j’ai été attiré par le contact des oiseaux et lorsque certains disent qu’une dinde est bête avec son petit cerveau, cela m’a toujours choqué car la bêtise n’est pas une valeur. Un homme bête peut être humble et un homme intelligent peut être prétentieux.
On dit que l’homme n’est plus un animal depuis qu’il s’est mis debout sur ses pattes arrière. Mais mon émeu s’est mis sur ses pattes arrière depuis le temps des dinosaures et ses pattes avant se sont atrophiées. L’émeu a privilégié sa bouche pour pouvoir exister encore actuellement alors que l’homme, lui, a privilégié ses pattes avant. En utilisant ses mains, il a pu toucher, essayer, découvrir et construire, ce qui a permis à son cerveau de réfléchir et de penser.
Avec mon émeu, nous échangeons souvent notre regard ensemble. Ses yeux sont plus gros que les miens et son cerveau dix fois plus petit. Imprégné de la théorie de Darwin, dans son regard, je me sens transporté à travers les ancêtres de mon émeu à l’intérieur de sa grosse pupille noire. Je sens que nous faisions qu’un, il y a des millions d’années. Je sens aussi que nous resterons ensemble, après notre passage sur cette terre et cela me rassure.
J’ai déjà lu une cinquantaine de pages de ce livre sur les trois cent et je bois avec délice les méditations d’Hubert Reeves sur la nature, la vie, le temps et le cosmos.
Merci, Guy, pour m’avoir fait connaitre cet ouvrage.
Yves ABATE
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