A mon tour de commenter ce texte de Pierre Abate auquel ont réagi Pierre Vandekerkhove et Daniel Dadu que je remercie. Mais les réactions peuvent encore venir, nombreuses, très nombreuses !!!
J’ai été très ému par cette réflexion très riche, aux facettes multiples, à laquelle on n’est pas habitué dans les conversations entre « éleveurs-sélectionneurs-amateurs ».
Le souci d’analyser chaque terme reflète des interrogations humanistes auxquelles je ne puis que m’associer.
Bien sûr il est toujours possible de saisir la réalité à partir d’autres angles de prise de vue. Un éleveur c’est aussi, étymologiquement, celui qui élève c’est à dire celui qui permet une progression du bas vers le haut. (Encore faut-il savoir où sont le bas et le haut !!!). Un sélectionneur c’est celui qui s’évertue à choisir et développer le meilleur, autre façon de dire presque la même chose. Un amateur c’est « celui qui aime ». Certes, dans notre société, Yves le relève justement, c’est celui qui n’est pas « pro », qui ne se soucie pas des contingences légales, ne paie pas de taxes sur son activité.
Il n’empêche que le texte d’Yves qui débute par des considérations sur les récompenses attribuées aux « éleveurs méritants » pose des questions importantes que je me permets d’aborder à partir d’un angle légèrement différent.
A propos de la sélection.
Yves fait référence au nazisme qui considérait la « race aryenne » comme la race supérieure qui devait supplanter toutes les autres. (En admettant qu’il y eût une « race aryenne et d’autres races humaines à côté !). Et cela en fonction de critères précis, c’est à dire en fonction d’un standard. Cela vous dit quelque chose, chers éleveurs-sélectionneurs ? C’est en fait l’eugénisme. Faisons-nous le rapprochement avec notre activité ? Simple question mais…
A propos de l’élevage
« Soigner, nourrir les animaux pour les conserver en vie ». Ne peut-on compléter l’idée en précisant : « Assurer le bien-être des animaux en les observant pour bien comprendre leurs besoins et les satisfaire au mieux » ? Que ces besoins soient d’ordre physique ou comportemental. Et en se méfiant de l’anthropomorphisme. L’éthologie animale devrait être un souci premier pour chaque éleveur.
A propos des amateurs et des passionnés
Que l’amateur soit vraiment « celui qui aime ». Que nous réfléchissions au sens du mot « passion ». Beau mot, en effet, qui désigne un amour intense. Mais mot pervers car le passionné aime à en perdre la raison. Si bien qu’il risque de perdre sa liberté de jugement, entraîné ou ligoté par sa passion qui fait de lui son jouet.
A propos de l’entité « éleveur-sélectionneur-amateur »
Comme Yves qui reconsidère d’entrée de jeu sa position par rapport aux PH ou GPH et autres récompenses obtenues lors des expositions je pense, au risque de choquer certains que je prie de bien vouloir m’excuser, je pense donc que le système des récompenses s’appuie et valorise l’esprit de compétition. Cet esprit de compétition est développé dans notre société depuis la plus tendre enfance, depuis l’école maternelle. Pourtant, avec Albert Jacquard, le célèbre biologiste, je suis persuadé que :
« Chercher à être le meilleur c’est faire preuve de conformisme »
C’est, de ce fait, un frein au progrès contrairement aux apparences. Les véritables progrès de l’humanité sont possibles lorsque sont réunies les conditions d’une collaboration efficace, lorsque règne l’esprit de partage et d’abnégation. Les piliers du progrès humain :
Communiquer – Mettre en commun – Créer des liens – Échanger – Assembler
Il y aurait encore beaucoup à dire mais… à chacun de rebondir sur ces propos !
Guy